En voulant dresser le bilan des campagnes U17 féminine et masculine, la Fédération Ivoirienne de Football pensait clarifier les raisons des revers enregistrés lors des derniers Mondiaux. Mais la conférence de presse du 26 novembre a au contraire mis en lumière un malaise structurel profond : la confusion persistante autour des responsabilités techniques et du rôle réel de la Direction Technique Nationale (DTN).
Une conférence de presse qui soulève davantage de questions

Crédit: FIF
Réunie au siège de la FIF aux côtés de membres du Comité exécutif, la Direction Technique Nationale a été chargée de présenter l’analyse des performances des U17, un rôle qui étonne plus d’un observateur averti.
Traditionnellement, la DTN évalue, structure, forme — mais elle ne dirige pas sportivement les équipes nationales. Cette prérogative revient toujours aux sélectionneurs et, surtout, au sélectionneur de l’équipe A, garant de la cohérence technique globale.
Or, en plaçant la DTN en première ligne, la FIF a brouillé les lignes hiérarchiques.
Un paradoxe qui interroge :
👉 Qui dirige vraiment le projet sportif des équipes nationales ?
👉 Sur quelle base la DTN se retrouve-t-elle responsable d’échecs dont elle n’est pas l’architecte direct ?
Des résultats en berne… et un contexte mal maîtrisé

Crédit: FIF
Le bilan sportif est connu :
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U17 garçons : 3 matchs, 3 défaites
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U17 filles : 2 défaites et 1 nul
Mais réduire ces échecs à la seule performance serait un raccourci. Le DTN lui-même souligne le manque d’homogénéité entre les niveaux compétitifs : championnats locaux modestes, compétitions zonales parfois irrégulières, passage brutal à un Mondial où le niveau est drastiquement plus élevé.
Sauf que ce diagnostic, juste sur le fond, ne peut masquer une réalité : c’est au niveau de la structuration de la filière jeune que le bât blesse.
Le vrai problème : une architecture technique instable
En réalité, la Côte d’Ivoire accuse un retard structurel :
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des années sans compétitions jeunes,
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peu de continuité dans les projets techniques,
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une coordination insuffisante entre les sélections,
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un manque d’anticipation sur les profils à suivre d’un cycle à l’autre.
La relance amorcée après la CAN 2023 est réelle, mais encore trop récente pour produire des résultats probants.
Le problème, c’est qu’au lieu de clarifier les responsabilités, la FIF entretient l’ambiguïté — au risque d’affaiblir davantage la filière jeune.
Dans une fédération structurée, le schéma est clair :
✔️ Le sélectionneur A = supervise le projet sportif global
✔️ Les sélectionneurs U = responsables de leurs équipes
✔️ La DTN = forme, supervise, évalue, corrige, mais ne pilote pas les équipes à la place des sélectionneurs
Le modèle ivoirien, lui, semble naviguer entre les zones grises.
Des réformes annoncées… mais sous quelle gouvernance ?

Crédit: FIF
La DTN propose désormais :
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une meilleure détection,
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une sélection plus stricte,
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une préparation plus structurée,
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plus de données techniques,
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une articulation claire entre locaux et binationaux.
Des mesures pertinentes.
Mais une question demeure centrale : qui portera politiquement et techniquement ce projet ?
Sans une gouvernance clarifiée — sans une chaîne hiérarchique solide — les réformes resteront théoriques.
Conclusion : un signal d’alarme que la FIF ne peut ignorer
Cette conférence, voulue comme un exercice de transparence, aura surtout mis en lumière un besoin urgent :
➡️ redéfinir le rôle de chaque acteur technique
➡️ donner à la filière jeune un pilote identifié
➡️ stabiliser le modèle de développement
Car à quelques semaines de la CAN et à l’aube d’une nouvelle ère du football ivoirien, le pays ne peut plus se permettre d’avancer dans le flou.
BENSON ISRAEL
























































